Le 1er décembre 1949 disparaissent les derniers tickets de rationnement, sur le sucre, l'essence et le café ; le gouvernement de la IVe République supprime par ailleurs le haut-commissariat au ravitaillement.
Le rationnement, apparu pendant la guerre et l'occupation allemande, avait du être maintenu et même accentué après la chute du nazisme. La « carte de pain », supprimée en mai 1945, avait été rétablie en décembre 1945 pour n'être finalement supprimée que le 1er février 1949.
Il est né à Anduze, une ville qui a marqué son enfance et sa vie, c’est en décembre 1949 qu’arrive en terre Cévenol une personne que nous connaissons tous, nous coureurs à pied. Nous avons appris à le connaître, à l’apprécier, car il est une personne qui ne renie pas ses convictions, ses amitiés et qui possède une bonne dose de passion pour une discipline «la course à pied » qu’il a découvert en effectuant sa première compétition en 1965.
Aujourd’hui je vous invite à découvrir un peu plus Claudy Benoît, le président de l’ACN Anduze, celui qui permet aujourd’hui à la course à pied d’avoir une visibilité sur les médias, notamment Midi Libre.
Il a su conjuguer vie professionnelle et vie sportive pour y trouver une complémentarité en permettant la reconnaissance populaire des sportifs handicapés.
Claudy je l’ai rencontré pour la première fois en 1975, à cette époque là, il était l’homme à battre, l’homme qui dominait le demi fond régional et interrégional, le pistard, le crossmen, le routard, le marathonien, une belle image, une locomotive pour un jeune comme moi qui venait de découvrir l’athlétisme en junior.
C’est sous la forme d’un questionnaire que je vous invite à découvrir Claudy Benoît.
Carcassonne 1977 (régionaux de cross)
Date de naissance :
C'était il y a maintenant un certain temps, pour la Saint Nicolas, en décembre donc de l'année 1949....à Anduze. A cette époque, il était possible (ça l'est encore je pense) d'accoucher dans sa maison, et j'ai donc eu ce privilège de naître dans la ferme où je vis actuellement !
St Afrique 1980 (marathon)
Ta vie professionnelle :
Elle est essentiellement consacrée à l'accompagnement des personnes en difficultés, que ce soit dans leur comportement, ou dans leur aptitude à vivre en autonomie cela s'appelle un peu pompeusement l'éducation spécialisée
Les lieux de tes activités professionnelles :
Ce n'est pas en fait un hasard si ma première expérience d'éducateur s'est déroulée en Lozère, qui est un département auquel je suis très attaché, et qui est également le berceau parental de ma famille...A st Chély d'Apcher, j'ai donc travaillé au CAT de Civergols (ESAT maintenant) pendant 10 ans, où j'étais entre autre responsable de l'activité sportive des résidents. Puis, afin de me rapprocher de ma ferme natale, je suis « descendu » à Chamborigaud, à la Maison d'Accueil Spécialisée de La Jasse et enfin, la boucle est en train de se terminer à Boisset et Gaujac, au Foyer de l'ARTES.
Mende 1992 (régionaux de cross vétéran)
Que représente pour toi le Gard et pourquoi y vis tu ?
Je pense que la réponse est déjà faite le Gard, pour moi c'est surtout Anduze et les Cévennes. Je revendique d'ailleurs ces racines rurales et Cévenoles qui ont construit ma personnalité. Je ne passe jamais une journée sans aller boire une noisette au Plan de Brie, puis marcher dans les rues du village dans les pas de mon père qui était cantonnier municipal
Il y a le Gard et la Lozère tes deux départements préférés ?
C'est exactement ça quel bonheur et ils sont limitrophes en plus !
Sports pratiqués en dehors de la course à pied ?
J'ai, comme tous les jeunes Anduziens de l'époque, joué au football, car il n'y avait pas d'autre possibilité mais j'aimais bien, même si je n'étais pas doué, et donc souvent remplaçant !
Mende 1974 (Marvejols-Mende)
Ta découverte de la course à pied ?
Elle s'est faite à l'occasion du cross du collège (d'Anduze bien sur), mais mon premier cross officiel, je l'ai couru en 1965 à Liouc (petit hameau de la commune de Quissac), où il y avait du Viandox à l'arrivée ! Par la suite, rentré au lycée Dumas à Alès, j'ai arrêté de jouer au foot pour me consacrer uniquement à la course à pied
Quand, comment, avec qui ?
Là, sous la houlette de Jean Jacques Court, prof de gymn passionné d'athlé, même s'il n'était pas un spécialiste du demi-fond (entraîneur national des sauts, dont notamment du Quissacois Daniel Anguiviel, champion et recordman de France junior du triple saut), et en compagnie de Bernard Brun, une pointure nationale quand il était cadet, j'ai suivi à la lettre mes premiers plans d'entraînement basés sur la pratique du cross-country en hiver. Sous les couleurs du seul club d'athlétisme du coin, l'ASPTT Alès, nous avons, entre autre, remporté en 1967 le titre par équipes en junior. Interne au lycée, mes principales séances se déroulaient sur la piste en cendrée de 250m (qui existe toujours, mais en tartan) par la suite, j'ai continué à courir en faisant mes programmes, notamment à la fac, où j'ai commencé à me rendre compte que plus c'était long, plus j'étais bon !
Ton palmarès :
Il est bien modeste, mais assez représentatif d'avoir avant tout voulu être un athlète de « proximité ». Cette proximité que je véhicule en fait, d'en d'autres domaines, comme une valeur essentielle de notre « richesse » locale (et Cévenole!). C'est en cross-country que je me suis le plus « bardé », en remportant trois titres de champion du Languedoc senior d'affilée en 76, 77 et 78, puis celui des vétérans en 1992. Ma meilleure course dans cette discipline, reste une « inter » à Langogne, où je termine juste derrière René Jourdan, mais devant les frères Gonzalès (Alex et Francis) et Bernard Faure...plus tard, licencié au MUC, c'est le titre inter-régional par équipes que nous remportons à deux reprises avec Georges Billet, Bernard Py, et Alain Bourrel. Sur piste, je garde de très beaux souvenirs des belles empoignades sur 10000m ou sur 20000m (une épreuve qui a maintenant disparu des programmes), avec le Biterrois Denis Alcalde. Là aussi on peut noter des titres Régionaux et Inter, avec quelques perfs intéressantes sur 5000m (14mn58), 10000m (30mn57) mais surtout le record du Languedoc des 20km, battu à Narbonne en 1h04mn40s, soient deux 10km en 32mn20s ! et c'était en 1980 !..Le niveau était bien dense à cette époque ! Enfin sur route, c'est sur la distance du marathon que j'aurais pu aller chercher des chronos de haut niveau. J'en suis resté à 2h27mn, justement afin de préserver cette proximité, qui m'a fait choisir de ne pas aller dans des clubs qui me sollicitaient, comme l'ASUP Perpignan, ou encore le Racing Club de France à Paris !...vous me voyez à Paris !! C'est Jean Marie Wagnon, le coach des marathoniens Français de l'époque, qui y tenait...
Mimizan 1973 (stage équipe de France de marathon avec Denis Alcalde et ses deux garçons, Philippe et Renaud., et les marathoniens Mounès, Séhédic et Péchon)
Ton ou tes meilleurs souvenirs dans ce sport :
Mes titres en cross-country assurément, puis mon arrivée lors du premier marathon de ma carrière. C'était à Metz en 1972, où je termine 8e en améliorant le record du Languedoc, détenu par Denis Alcalde. « 2h37mn », j'étais aux anges, et en plus je me situais à 23 ans comme le plus jeune marathonien Français, une discipline réservée aux « quadras » et très peu courtisée par les instances fédérales (en fait ils avaient peur que nos organismes soient défaillants, je vous dis pas le nombre de visites médicales que j'ai du passer à cette époque!)
Il y eut ensuite cette 6e place aux « France » du Creusot, dont le départ en plein mois d'août, donné à 16h (35° à l'ombre), constitua une bavure fédérale d'anthologie !...j'ai aussi beaucoup été ému lors de mon arrivée en 3e place du Marvejols-Mende de 1974...ce jour là, j'étais le meilleur, mais la descente de Goudard m'a flingué !Des larmes aussi, lors du titre par équipes aux championnats de France de marathon en 1987, associé à Alain Bourrel et au regretté Georges Billet ...côté marathon, il y a eu également ce « marathon pour l'emploi » de New York en 1992, à l'initiative de l'association Alésienne « Avenir Jeunesse », où je me suis retrouvé à préparer et à accompagner sur cette épreuve des jeunes des quartiers des Cévennes, en quête abusive de plaisirs artificiels...converti en plaisir réel, celui de rallier Central Park après 4h50mn d'effort et de bonheur partagés.
Béziers 1993 (inter de cross, échauffement avec Georges Billet)
Ton plus mauvais souvenir dans ce sport :
Je n'en ai pas...même certaines courses que j'ai ratées restent empreintes de la nostalgie d'un temps où courir était une nécessité absolue...
Tu parles souvent du cross, pourquoi ? Que représente cette discipline ?
C'est par le cross que j'ai attrapé le virus quelle aubaine en effet, car la pratique de cette discipline m'a rendu plus fort dans la vie, et dans les champs de labours. Des instants d'émotion qui me manquent, comme celui du moment du départ quand on est tous alignés, fébriles, dans le froid et la pluie (ça arrive encore de nos jours!)...on n'en mène pas large !...l'instant du départ, quelle intensité émotionnelle !
Qu'est ce que la course à pied t'a apporté ?
Je pense avoir presque tout dit à ce sujet, il reste aussi de belles rencontres humaines, comme celle de Denis Alcalde, de qui j'ai longtemps été le « second », que ce soit en cross ou sur piste. Il m'a fallu du temps pour arriver un jour à le devancer ! Depuis notre amitié est sans faille et nous cheminons de concert en exerçant un regard averti sur l'évolution de notre sport.
Le sport se conjugue aussi avec ton activité professionnelle et tu as réussi une unité entre le sport « normal » et le monde du sport adapté, une grande satisfaction j'imagine ?
En effet...je pense, en plusieurs décennies, avoir réussi à faire bouger quelque peu les lignes dans le monde du handicap. Cela a commencé en 1975, année où j'ai organisé à St Chély d'Apcher, les premiers championnats régionaux (et hexagonaux) de cross-country pour handicapés mentaux car en ces temps là la fédération de tutelle s'appelait la Fédération Française du Sport pour Handicapés Mentaux... ce qui n'était pas le top en terme de communication. Quelques années plus tard, c'est la Fédération Française du Sport Adapté qui verra le jour. Entre temps, j'avais suggéré au journal Midi-Libre d'ouvrir son cross, qui se déroulait à La Grande Motte (+ de 8000 participants dans les années 80), aux handicapés...ce fût chose faite le 16 novembre 1980, avec deux courses au programme, et pour la première fois cette reconnaissance populaire des sportifs handicapés. Par la suite, c'est l'ouverture en milieu sportif ordinaire qui va servir de fil rouge à cette reconnaissance du sportif adapté, comme sportif à part entière...le projet du club d'athlétisme d'Anduze, au niveau du sport adapté, porte d'ailleurs essentiellement sur cette ouverture...et pour boucler la boucle, 40 ans après les premiers championnats régionaux de cross, c'est en 2015 que seront organisés à Anduze les championnats de France de cross-country du sport adapté, une bien belle histoire !
Des amis dans le milieu de la course, tu en as beaucoup, quelles sont tes plus belles rencontres ?
Beaucoup d'amis en effet....et pas mal d'entre eux et d'entre elles, ne s'en doutent même pas, car j'ai produit au fil des ans une certaine affection pour les coureurs à pied en général, et une affection certaine pour pas mal d'autres en particulier !..Au niveau des rencontres, j'ai déjà évoqué bien sur Denis Alcalde, une aventure qui continue, mais j'ai aussi bien aimé ce bout de chemin partagé avec Pierre Liardet, le Berger du Ventoux (un vrai de vrai!), ou encore la « militante » décennie des années 70, passée avec Jean Claude Moulin, le créateur de Marvejols-Mende....il y a eu aussi Colette Besson, qui m'a fait pleuré de joie une nuit de l'été 1968, lorsqu'elle a remporté le titre de championne Olympique du 400m à México , et que j'ai eu par la suite le bonheur de rencontrer en stage à Font-Romeu, puis en 1992 dans l'avion qui nous amenait au marathon de New York, auquel elle allait également participé.
Spiridon ou l'esprit Spiridon, c'est quoi pour toi ?
Spiridon, c'est avant tout une belle aventure, qui plus est vécue essentiellement en Lozère dans les années 70 donc où j'ai pu côtoyer des coureurs à pied passionnés et bien décidés à faire de leur sport un mouvement populaire unique contre les turpitudes fédérales de l'époque qui voulaient récupérer le gâteau. La reconnaissance fût au bout de la route (du sentier on dirait maintenant!), et la course à pied à allure libre se propulsa dans un bel élan festif comme un vrai phénomène de société qui perdure et évolue encore de nos jours. L'esprit Spiridon, comme on disait en ces temps là, prônait la gratuité, la convivialité et l'humilité ce qui n'est plus toujours le cas actuellement, surtout au niveau de la gratuité !....
Si tu avais un message à faire passer à tous :
La course à pied, il n'y a rien de plus simple ! Ce devrait être, entre autre, l'école de l'humilité.
Il faut rester vigilant sur ses choix, de course notamment, afin de se préserver d'une privatisation de notre sport.
Si tu avais un conseil à donner aux jeunes athlètes :
Savoir être patient et attentif à son corps, et construire progressivement sa passion, en sachant bien que tout le monde peut progresser, mais qu'il n'est pas nécessaire de devenir un champion pour réussir.
Un grand merci à Claudy