Tout a commencé il y a longtemps, je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître... (Ça c’est du Charles Aznavour… Une phrase également reprise micro en main par Claude Razon (dont je retracerai la carrière dans quelques temps)).

Tout a commencé il y a longtemps disais-je, un temps ou notre Robert portait culotte courte (quoique… Bien des années plus tard il porte toujours culotte courte, sur les courses  régionales)

Tout a commencé par une course, mais pas n’importe quelle course, celle qui pousse beaucoup d’entre nous à courir des notre plus jeune âge derrière… (Et non, pour ce que vous pensez… ce sera pour plus tard) à l’âge dont je vous parle, notre Robert courait avec ses copains derrière un ballon de foot.

Le foot sera d’ailleurs l’une de ses rares désillusions en sport, « je m’voyais déjà en haut de l’affiche » (c’est encore du grand Charles).

Qui n’a pas rêvé d’être un grand footballeur ? Robert comme tout jeune mec a du y penser, mais voilà… ça s’est passé sous les couleurs du Nîmes Olympiques, il occupait un poste de demi centre, et ce jour là, à Montpellier, en lever de rideau du match qui opposé le SOM à Strasbourg pour le compte du championnat qui correspond à notre D1 actuelle, Robert et ses collègues d’équipes sont repartis à la maison avec 9 buts encaissés. Un 9 à 0 cinglant de quoi alimenter les discussions et des doutes sur sa carrière de footballeur.

Fini le sport d’équipe, par la suite c’est vers la natation que notre enfant se dirige, Robert prend alors une licence à l’Entente Nîmoise, et participe à de nombreuses classiques de l’époque, la traversée du Port de Sète, de Port la Nouvelle, de Port Vendres…  

Il remporte alors le titre de champion du Gard du 100 qu’il nage en 1’14’’ (à l’époque il a  une attirance pour l’eau, à présent ses goûts ont évolué et il se tourne plus volontiers vers un petit blanc… mais là je m’égare)

De ses souvenirs de nageurs, il lui reste cette rencontre d’après guerre à Nîmes, un tournoi triangulaire disputé à la fin mars pendant le week-end de Pâques avec les clubs voisins d’Arles et d’Avignon. Une rencontre qui s’est tenue dans le bassin de la Fontaine, avec une eau qui affichait à peine ses 11° au thermomètre.

« Et petit si tu veux progresser, il faut te muscler les jambes tu manques de puissance, va donc courir un peu de temps en temps » c’est en ces termes que son entraîneur à la piscine poussera Robert à courir, il avait 12, 13 ans.

C’est un autre concours de circonstance qui va l’amener à l’athlétisme… Alors qu’il court seul, on lui apprend que va se dérouler la 1^ère foulée à Nîmes, sans hésiter il décide d’y participer et ce sera sa première victoire en course à pied. Par la suite il signe une licence au Club d’athlétisme des Cheminots Nîmois, tout en gardant son adhésion au club de natation… Il se souvient de cette période délicate où par exemple il avait disputait un 100m le samedi soir dans le bassin de Narbonne, puis les championnats régionaux de cross le lendemain.

En athlétisme, tout s’enchaîne vite, avec ses camarades il remporte le titre de champion de France FSGT en relais 4*80m cadet.

Cette distinction obtenue, il se dirige vers un autre club la JAN (Jeunesse Athlétique Nîmoise). Encore cadet il remporte successivement les 6 cross auxquels il participe, devient Champion du Languedoc et de Provence, avant de terminer à la 3^ème place des championnats de France qui se tiennent à Vincennes (en présence des 3 pays de l’Afrique du Nord qui participent chaque année à ces championnats nationaux).

Pour sa première année junior, tout ira vite peut être trop vite…

Sur 3000m il réalise un temps de 8’57’’, puis c’est le début d’un cauchemar, il n’arrive plus à enchaîner les entraînements, il n’avance plus…

A la suite d’un surentraînement il sera contraint de prendre beaucoup de repos.

C’est à cette période là que Dame Patrie l’invitera à rejoindre l’armée française, il effectue 18 mois de son service militaire à Montpellier. Il mettra à profil son passage sous les drapeaux en devenant Major du Stage de Moniteur à Mas Cabanes à Nîmes ce qui lui ouvre les portes du Stage à Antibes. A partir de ce moment là Robert assure le sport aux élèves gradés dans sa caserne.

Bien sur Robert a repris du service en athlétisme et en natation sous les couleurs de son régiment, ainsi il remporte la finale de la Région militaire en Pentathlon avec l’équipe dont il est le Capitaine.

Par la suite il est maintenu sous les drapeaux et doit comme beaucoup de jeunes de l’époque se diriger vers l’Algérie.

Après l’indépendance de l’Algérie et son retour en France, arrive l’année 1967…

Une année importante, une année qui marque une carrière professionnelle en effet c’est à cette époque là qu’il arrive chez l’équipementier Adidas.

Durant plus de 20 ans il travaille en équipe avec des athlètes tel que Michel Jazy, Claude Piquemal, Jocelyn Delecour, mais également les rugbyman Jo Maso Le meilleur attaquant du monde, Richard Astre surnommé Le Petit Mozart du rugby, le footballeur Georges Carnus successivement gardien de but de l’AS St Etienne, de  l’Olympique de Marseille mais également portier de l’Equipe de France… ces quelques noms sont pris au hasard d’une liste de célébrités qu’il a côtoyé durant sa carrière professionnelle.

Remise des prix du Challenge Midi Libre c'était en 1999

C’est en 1973 que Robert va se rapprocher de Jean Claude Moulin, une rencontre avec comme trait d’union Noël Tamini, la Revue Spiridon Suisse et les problèmes d’interdiction des courses sur route.

Une nouvelle idée de la course à pied est définie en Suisse par Noël Tamini, il fonde la revue SPIRIDON, la bible des coureurs de l’époque, cette idée que le sport pouvait être à la porté de tous a séduit Robert… Jean Claude Moulin lance les bases du Spiridon Club Languedoc aujourd’hui l’idée de courir libre est toujours présente en feuilletant les pages de Et ta Sœur elle Court, et dans la tête de nos pionniers.

C’est à l’époque de ces rencontres amicales et sportives que germes en lui l’idée de proposer une épreuve originale, tout prêt de chez lui à Vergèze, un 50 kilomètres (rien que cela), ce sera une réussite totale. (Rappelez-vous c’est ici à Vergèze que Georges Colombani à pratiquement débuté la course à pied et qu’ils se sont rencontrés à l’époque ou Georges était le Président du CSAM à Nîmes voir article sur Georges ici)

Par la suite, il devient incontournable et enchaîne les organisations, à son actif il y a le semi marathon de Vergèze qui prendra le relais du 50km, puis le semi marathon de Vauvert, les 18 km de Calvisson, le Cross de la Chambre de Commerce de Nîmes, le Semi Marathon de Lézignan Corbières, la Course de Mus et la Course de Gallargues le Montueux.

Gallargues 2006 lors de son Jubilé

Robert est également à l’origine de trois clubs important sur notre département, l’Entente Nîmoise d’Athlétisme, l’US Calvisson et l’ASSP Vergèze.

Je me souviens de Robert à l’époque où il était le président de l’US Calvisson un club important dans les années 1975 – 1980.

C’est à cette époque là qu’une athlète est arrivée à l’USC, elle avait 17 ans, elle voulait courir, elle en avait les capacités, elle s’appelait Monique Rome. Plusieurs fois championne du Gard et du Languedoc en cross, sur 800 et 1500 m, finaliste aux France de Cross et sur 1500m à Nice Monique faisait parti du paysage de l’athlétisme régionale.

Mais c’est dans le mouvement Spiridon que leur couple s’est formé, Monique Rome deviendra des années plus tard Monique Armand, c’est la course sur route qui les réuni puis soudé pour toujours.

Je me souviens encore de Monique et de Robert lorsque tous deux participaient au trophée des Cimes.

Notamment le trophée Européen des Courses de Montagne en 1976 ou au final Monique avait pris la 2^ème place, avec de nombreuses victoires et de nombreux podiums sur des épreuves aux noms évocateurs de grands espaces, de liberté, et de souvenirs pour qui courait à l’époque… (Le trail existait déjà sous une autre appellation)

1^ère au Plan de Cuque-Mimet à Marseille, 1^ère a Monté-Faudo en Italie, 1^ère de l’ Ascension du Mont Faron à Toulon, 1^ère de Genêve-Le Salève en Suisse, 1^ère à Espelette au Pays Basque, 2^ème Marvejols Mende la seule édition de la course de légende qui se soit déroulée sous une pluie battante, 3^ème au Mont Revard à Aix les Bains une épreuve chère au regretté Sylvain Cacciatore cette année là nous avions pris la neige sur le final (j’y étais), 5^ème à Sierre-Zinal en Suisse une épreuve de légende, la plus renommée des courses de montagne crée en 1974, une année ou les organisateurs s’étaient assurés de la présence de l’international belge Gaston Roelants.

Parmi ces meilleurs souvenirs, sur le plan sportif c’est un souvenir de la participation de sa fille Catherine à Marvejols Mende qui ressort en premier de sa mémoire. C’est en 1976, Catherine a à peine 14 ans et elle est allée, comme bon nombre de jeunes à l’époque, au bout de la course qui est longue de 23 km 300 dans un temps remarquable 2 heures et 6 minutes.

Sur le plan de son investissement à l’athlétisme, il y a eu ce choix fait, de se présenter aux élections pour devenir président de la Ligue du Languedoc d’Athlétisme.

Elu, Robert reste à ce poste de 2000 à 2003, c’était une suite logique à son implication dans le monde de l’athlétisme, lui le renégat qui avait lutté contre la Fédération Française d’Athlétisme pour imposer les courses pédestres, pour imposer la participation des femmes sur des épreuves de ½ fond, était resté un amoureux inconditionnel de l’athlétisme avec un grand A.

En parallèle, son implication toujours aussi forte au niveau de la course à pied le pousse à accepter le poste de vice président de la Commission Régional des Courses Hors Stade de la région Languedoc, auprès de son copain Moulin (pas l’inspecteur, l’autre… vous savez celui de Marvejols Mende)

Dans la même période des décisions, des discours, très mal vécu de la part de la FFA, l’on poussé, avec une bande de copains, à créer la Confédération Nationale de la Course à Pied. Le CNCP une association qui fédère actuellement plusieurs centaines de courses populaires, conviviales sur tout l’hexagone, elle est un contre pouvoir afin de peser sur certaines décisions fédérales.

Enfin je vais tenter de conclure en rappelant, que Robert est entraîneur 2^ème degré en athlétisme, il est également juge Fédéral en athlétisme, et officie en tant que Juge et Officiel Régional sur nos épreuves sur route…

Et que Robert s’est vu remettre les médailles d’Or de la Jeunesse et des Sports et de la FFA pour tout ce qu’il a accompli durant ces 60 ans consacrés à l’athlétisme.

Nous avons était nombreux a être à ses côtés l’an passé à Gallargues le Montueux, lorsqu’il a fêté son jubilé, non pas qu’il était important que cela ce fasse, mais il était important que cela se fasse avec ses amis, ceux qui comptent, une occasion de plus pour passer un bon moment entre copains, car si je devais définir Robert en quelques mots, ils y auraient parmi les premiers, Amitiés, Convivialité et plaisir de la table.   

Les Copains d'abord... Ne dirait-on pas une affiche des "Experts"...

Experts en bons moments passés ensemble, Expert en convivialité...

Il ne manque que les lunettes de soleil à Robert.